Les Meilleurs Films des 3 Dernières Années

Catégorie : Films d’Horreurs

It Follows – 2014

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« Eros & Thanatos dansent autour de ton lit dans tes rêves, tu viens d’avoir 20 ans. »

On a susurré que le rendu ressemblait à du Sofia Coppola s’essayant au film d’horreur, et c’est vrai que l’estampe dramatique, lovée dans une ambiance étherée qui flotte comme le brouillard de l’adolescence sur les banlieues milieu de classe de Michigan, l’évoque immédiatement. Comme Sofia, it Follows érige un huis-clos en plein air, ou les draps frais, les vagues blêmes et les pelouses humides se confondent avec le ciel, pour se refermer sur vous lentement. Les plans sont beaux et angoissants. Les pavillons résidentiels n’ont rien de rassurant. C’est la liberté de mouvement sans la liberté, ne reste que le mouvement qui se fait menaçant, et la fuite en avant s’avère être l’unique mais épuisante possibilité pour survivre. Il y a donc une jeune fille, traquée, obligée de fuir contre un zombie lent qu’elle a contracté dans le plaisir. La musique est électro-cristalline, et le sexe posé au coeur du film comme un danger mortel mais ineffable, un virus qui évoque le risque VIH mais s’étend au delà du conte puritain, rappelle à nos prunelles opressées, distordues entre la peur et la beauté, toute la teneur de notre récente, toujours récente adolescence.

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C’est  la métaphore de cet âge sublime, mais ingrat puisque composé a 95% d’errances et d’impatiences charnelles, gracieusement coulée dans un film d’horreur. C’est la première fois que je vois des effets spéciaux non pas utilisés pour accroître techniquement l’horreur, mais au contraire pour esthétiser cette intrigue inquiétante, et la rendre poétique. Et l’angoisse qui en résulte est très naturelle, uniquement portée par les idées du film.

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Définissez la Poésie

SOTHEBYS PICASSO

Les principes.

Définition de la poésie.

C’est un coup de poing, dont on a la vue, un instant, éblouie que votre injonction brusque :  » Définissez la poésie.  »

Je balbutie, meurtri : la poésie est l’expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l’existence : elle doue ainsi d’authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle.

Au revoir; mais faites moi des escuses.

Lettre de Stéphane Mallarmé à Léo d’Orfer, juin 1884.

J’aime beaucoup cette définition de la poésie que donnait Mallarmé dans une lettre, avec le génie qui lui est habituel. Je l’avais trouvée saisissante en la découvrant au lycée, il y a quelques années. J’aime aussi, chose rare, les manières précieuses, affectées et théâtrales qu’il avait pour écrire et se mettre en scène.

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Ils rêvent encore, et le rêve les preserve

Vers les Lueurs
Dominique A
2012

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Dominique A révélait son nouvel album, Vers les Lueurs, en mars dernier.
Excellent soliste d’une part et musicien talentueux, la qualité et la singularité de sa musique est constante depuis 20 ans. Il est a cet égard un des meilleurs artistes de la chanson française actuelle. Ce dernier disque est imprégné de la poésie habituelle, souple et touchante, exprimée avec naturel.

Ses textes sont sensibles, imagés et très personnels, laissant entrapercevoir des souvenirs, des moments d’une vie ou d’une intimité particulière sans jamais que le résultat soit impudique. Le ton est inspiré, mélancolique mais jamais malheureux.
Ses compositions sont exigeantes et arrangées sur l’ambiance d’une pop rock raffinée à laquelle se mêle de belles influences acoustiques.

L’écoute de Vers les Lueurs est agréable, il est toujours dépaysant de pénétrer l’univers de Dominique A qui suscite chez moi le souhait de l’entendre jouer ses morceaux sur scène, un jour.La densité de sa musique, de sa plume et de sa voix me fait lui trouver quelque chose de Barbara. La 1ere fois que j’ai d’ailleurs entendu sa voix, sur Le Courage des Oiseaux, je me suis demandée quelle était cette femme avec une si belle voix qui chantait.

J’ai préféré les titres Ce geste absent pour la grande beauté du texte et Quelques Lumières pour les instruments et la douceur de la chanson

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Dominique A – Ce geste absent

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La rêverie sans objet

ALAIN TANNER – DANS LA VILLE BLANCHE (1983)

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Les films d’Alain Tanner sont très élégants. Sans manières, il met en scène des hommes qui tâtonnent à la recherche d’eux mêmes , au gré de rêveries délicates, simples et poétiques.
Dans La Ville Blanche relate une de celle là. Un marin déserte le port ou mouillait son navire au lieu de remonter à bord, il s’enfonce dans la ville. Le film se déploie a travers les lettres que ce dernier écrit à la femme qui, certainement, l’attend quelquepart. L’errance, l’attirance, la perdition sont autant des thèmes qui composent cette fable troublante et qui s’infusent dans le rythme et la belle lumière du film.
Les lettres du marin portent les saveurs de sa fuite, il y joint des cassettes vidéos ou il filme ce qui l’environne. Lisbonne. La chambre d’hôtel. La serveuse Elisa, refuge d’un moment. Mais la ville est aussi le théâtre d’une certaine hostilité, d’ une indifférence et d’un silence qui rendent inévitable la solitude.

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Sorti en 1983, ce film peu connu gagnerait justement à l’être, à l’instar de la plupart des films d’Alain Tanner. Ce réalisateur suisse commenca le métier en tournant des documentaires pour la télévision avant de réaliser ses premiers longs métrages à la fin des années 60. Il en réalisa une dizaine, lesquels évoquent presque tous un idéal libertaire et poétique qui se vit généralement en marge de la société.

ALAIN TANNER – LES ANNÉES LUMIÈRE (1981)

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Son film le plus connu, récompensé l’année de sa sortie par le grand prix du festival de Cannes, décrit une jolie rencontre. Celle d’un jeune homme ingénu, un peu paumé qui se prénomme  Jonah avec un vieillard étrange et bourru qui tient un garage à moitié délabré et lui confie du travail. La rencontre se mue en une relation profonde entre les deux hommes et une leçon de vie pour nous.

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Le projet du vieil homme est de fabriquer une machine capable de voler, construite sur le modèle morphologique des aigles qu’il élève dans son garage. Entreprise décalée et poétique qui fait des Années Lumière un film un peu a part, empreint d’une sombre tendresse et d’une sensibilité très particulière.

Les images d’Alain Tanner et les mots de ses films, soigneusement choisis et forts de cette élocution lente, précieuse et française furent de ceux qui marquèrent le cinéma de mes années lycée. Il est a cet égard un de mes réalisateurs préfèrés et je regarderais avec plaisir les trois ou quatre films qu’ils me restent à voir de lui.

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Manu Militari

J’ai un peu la flemme en ce moment, mais j’ai vu beaucoup de films. Ils venaient de partout dans le monde. L’auto dafé des disques de Florence + the machine est pour bientôt. Et moi je cherche un appartement sur Paris. En ce moment j’écoute ca :

Billie Jean par Chris Cornell – Paris 2012 par la Femme – You gonna want me par Tiga – Drifting Sun par the Scorpions – Tron Cat par Tyler the Creator – Bleu Canard par Julien Doré  – Blunt Picket Fence par Giant Drag – USA Boys par Health – Brother par the Organ – Audio, Video, Disco par Justice – You are so so Just par Rework – All the pretty faces par The Killers – Libertango par Grace Jones – Milk & Honey par Nick Drake – Arena par les Suuns

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Satan n’a le pouvoir qu’on veut bien lui donner

DOMINIK MOLL
LE MOINE
2011

Dominik Moll, auteur de deux films populaires des années 90 (Harry, un ami qui vous veut du bien et l’Esquive) vient de réaliser un de mes fantasmes personnel : une adaptation du Moine de Matthew G Caroll, le plus emblématique des romans gothiques, avec dans le rôle du moine déchu Ambrosio.. Vincent Cassel.

Passé les moments de flottement en voyant l’acteur réciter ses premiers sermons depuis sa chaire, soit qu’il faille un temps d’adaptation, soit que peut être, le personnage ne soit pas immédiatement crédible, Cassel et ses prêches gagnent rapidement en tenue. Sa prestation, sans être époustouflante, joue sur une sévère canalisation de son énergie de jeu habituelle. (nous l’avons connu en racaille énervée, paysan incestueux fou, braqueur de banques charismatique, party boy énergique qui s’improvise vengeur fou furieux dans les quartiers sordides de la ville en guise d’after..)

L’esthétique est belle et presque tendre, par moments drôle et folklorique. Le coeur de l’Espagne catholique du XVIIe bat la chamade sous les longs voiles des femmes , ces figures de piété dont les yeux olivâtres éclairent les paysages . La lumière est admirable, et rehausse la puissance d’évocation des rues de Narbonne, des jardins et des roseraies du couvent, des longues étendues de sable épais et puissament pigmentés que sont ces morceaux de désert qui entourent l’histoire .


C’est une très belle version du Moine et elle manquait. La seule autre adaptation cinématographique, un brin plus kitsch (elle sortait en 1972), et beaucoup plus vulgaire,  ne songeait pas à épancher les esthètes avec des plans contemplatifs et des catalogues d’exposition historiques. Réalisée par Adonis Kyrou, elle se rapprochait visuellement des oeuvres libertines que furent Salo et cie.. et proposait de surcroit une fin alternative inventée de toutes pièces au détriment du dénouement original.

J’ai trouvé cette dernière libre interprétation plus fertile, et moins coupable de caricature.
Le récit de M.G Caroll respire encore, et peut être continuera d’inspirer. Ce roman, saisissant de génie noir,  reste la priorité de ceux qui voudraient côtoyer la littérature gothique originelle.
cf mon article sur le sujet.

14/20

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liqueurs oblongues, formol de l’enfance.. les coeurs rances des adultes pour se noyer au vitriol

François Truffaut
Les 400 coups
1959

En 1959, François Truffaut écrivait un film remarquable de justesse sur l’enfance, quoique de narration peu exigente,  une estampe d’époque, cruelle comme le Paris d’alors qui décrivait la déchéance d’un petit garçon au gré de ses pérégrinations dans les rues de la Ville.
Antoine Doinel est un écolier parisien tardivement subjugué par Balzac , et qui en attendant mène une école buissonnière assidue en compagnie de ses copains de classe.
Les abords simples du récit révèlent une peinture énergique et saisissante, teintée de considérations sociales
Il s’agit a maintes égard d’un film sur l’exclusion, exclusion précoce, éclosion prématurée des mis au ban d’une société peu probe, et pressée de générer des délinquants au même titre qu’elle se gargarise de créer ses élites.

Premier film de François Truffaud, il s’avère être en grande partie autobiographique et la seule note consolante du film tiendra au fait que le grand réalisateur ne s’en est pas mal sorti.
Le long métrage, acceuilli avec succès lors du festival de Cannes, revèle et marque le début de la longue carrière de Jean Pierre Léaud, alors agé de quatorze ans. Son rôle d’Antoine Doinel, 12 ans lui vaudra la confiance immédiate de Jean Cocteau dans le film le Testament d’Orphee
Le personnage d’Antoine Doinel est cher a François Truffaut, puisqu’il l’utilise a cinq reprises dans différents films, toujours a des âges différents.

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REPENTEZ VOUS

Skying
2011

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No woman no cry

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Quel genre d’homme êtes vous ?

JEAN PIERRE MELVILLE
LE SAMOURAI
1967

 

Le Samourai de Melville nous propose un idéal individuel  . Ce film est un canon esthétique qui obéit à toutes les règles du classicisme pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler « un classique », un bel objet qui tient debout tout seul et miroite sur les étagères, et derrière les vitrines. Héritier propre sur lui du Cinéma des années 20 et 30, valeur sure des dernières heures de l’élégance et de la pudeur au XXe siècle, hommage au polar à la Parisienne et aux aciers bleus qui coulent dans les yeux des héros de Western américains, le Samourai est un film de collection.
Sur le tout, un vernis d’époque, un épais bronze romantique qui vient couler l’oeuvre achevée et l’empêche de s’éparpiller.

Aux esthètes en mal de modèles, à ceux qui se perdent au contraire dans le flot d’égéries et ne reconaissent plus l’art à tous ses visages , le Samourai est une valeur refuge. Il inspire des cultes raisonnés, des dévotions sûres, des sagesses amoureuses.

Alain Delon est beau. Il fume. Son trench raide noué autour de la taille. Ses complets. Ses trente ans. Et l’écrin de sa solitude, une chambre d’hôtel grise ou perle juste assez de lumière. Il campe un homme d’une espèce singulière pour l’espèce : l’âme solitaire.
L’économie des mots, la justesse des gestes, la tenue des regards. Autant de rituels qui viennent sacraliser ce samourai moderne, peut être le dernier.
C’est donc une déclinaison guerrière de la solitude qui amène Jean Pierre Melville à faire de son film le titre et le portrait très solennel d’un samourai.
Le rituel du samouraï au cinéma, genre a part entière, chorégraphié a souhait à créée des personnages et des situations très différentes depuis Kurosawa en passant par le Gosth Dog de Jarmusch (parait il trop inspiré de Melville). Ici Melville en respecte les codes tout en les déplacant dans la ville de Paris ou semble être l’hiver.

Les plans sont précis et remarquables. La philosophie laconique et virile. Les vestons bien coupés. C’est un des films noirs les mieux sapés qui soient.

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