Sous le soleil exactement

 C H A N S ON S    PO U R    L’  É T É

Paris sucré et pourissant sous le soleil, les salles de cinéma désertes et climatisées, les mauvais coktails, sauf celui ci : mélanger de la liqueur de café, du lait et de la vodka. Idéal pour le petit dejeuner. Ou bien du jus de pamplemousse rose et des sorbets. Le Jardin du Luxembourg couvert de chaises longues et rouillées. Du LSD. Et puis la Bretagne, la Mer, la maison déserte et les draps blancs sur les meubles. Des bouquins. Un train vers le sud. Des combinaisons en lin. Le gout du sel sur la bouche.

LA DROGUE – DANIEL BERETTA , RICHARD DE BORDEAUX

BLANK GENERATION – RICHARD HELL & THE VOICES

KISS YOU ON THE CHEEK – DESMOND & THE TUTUS

WHAT DIFFERENCE DOES IT MAKE  – THE SMITHS

MIGHTY GIRL – LINDSTROM & PRINS THOMAS

LE PAPE DU POP – STEPHANE VARÈGUES

THE LOVE CATS – KATRINE OTTOSEN

THE ENERGY STORY – COLLEGE FT MINITEL ROSE

BLACK TROMBONE – SERGE GAINSBOURG

AS I MOVED ON – BLUE FOUNDATION

SMOGGY GOOD BYE – CANDY CLASH

SPANISH CARAVAN – THE DOORS

PARALLEL LINES – JUNIOR BOYS

FOREST CRUNK – AESOP ROCK

STRANGEGIRL – LEGOWELT

CAMEL – FLYING LOTUS

BRATTY B – BEST COAST

SHELIA – ATLAS SOUND

BIG DAY – TAHITI 80

JONNY – PEACHES

HKS – UGU

Playlist : ici

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Qu’est ce que l’Art, Monsieur Godard ?


Je ne poste plus rien en ce moment parce que je regardais un peu ce que faisait Godard et quelques autres. Il ne m’a pas vraiment enthousiasmé, mais tous ses films sont conduits de main de maître.

À BOUT DE SOUFFLE
1960

Jean Paul Belmondo incarne un petit malfrat qui se retrouve obligé par les circonstances d’abattre un policier. Il est dès lors recherché par les autorités. De retour à Paris ou il attend une somme d’argent pour fuir en Italie, il presse la femme dont il est amoureux de le suivre. Cette femme c’est Jean Seberg, une américaine qui vend des journaux dans la rue et souhaite devenir journaliste. La petite tête blonde ne minaude jamais, elle n’a pas besoin de ca pour être belle. Elle mordille ses longs doigts lorsqu’elle est nerveuse, balance sa nuque sans exagération, sans facétie, fume un peu trop et joue de cet accent d’outre manche qui la rend si charmante. Ses yeux sont beaux.  Elle porte des lunettes à la fois intellectuelles et fantaisistes. C’est l’un des caractères féminins les plus indépendants de J.L.G. , c’est l’un de ceux qui en fait le moins.

UNE FEMME EST UNE FEMME
1961

Ou comment celebrer les petits bouts de femmes

Une ode aux rapports amoureux. Le trio Jean Paul Belmondo (Alfred) Anna Karina (Angela) et Jean Claude Brialy (Emile) portent cette comédie romantique ou tout est sujet à s’attendrir. Angela est une jeune femme espiègle et orgeuilleuse qui travaille dans un cabaret de strip tease. Elle voudrait un enfant. Son compagnon Emile, pas plus que ca. Mais Alfred, sulbaterne amoureux d’Angela pourrait convenir.

Encore une fois un film très rafraichissant qui dépeint avec humour les maladresses et les tendresses des amants livrés a leurs caprices mutuels. Le portrait féminin d’Angela est très réussi.

On a parlé des « Années Karina » pour englober cette période ou Godard ne filme qu’Anna. Leur relation fut celle d’un créateur et de sa muse et leurs deux personnalités se sont mutuellement inspirées tout au long de leur carrières respectives. J’ai trouvé un article qui l’explique très bien sur le site Hors Champs : Le Portrait Ovale, Notes et remarques sur la performance d’Anna Karina dans les films de Jean-Luc Godard

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VIVRE SA VIE : FILM EN DOUZE TABLEAUX

1962

Le film fait reparler de lui dans le cadre de sa rediffusion dans les cinémas Parisiens. J’en ai profité pour le voir sur grand écran.

Il a été tourné immédiatement après « Une femme est une femme » et développe le thème du commerce des corps, dejà abordé avec le cabaret qui proposait des strip tease a la bonne franquette autour des nappes a carreaux rouges.
Godard établit une analogie discrète entre la condition d’actrice et celle de fille de joie.

Dans Vivre sa vie : Portrait en douze tableaux, Nana, jeune vendeuse de disques sans le sou (Anna Karina toujours) décide de se prostituer. Elle rencontre un proxénète qui lui apprend les ficelles du métier . De nouveau la légèreté de ton tranche avec la dureté des événements : la simplicité apparente avec laquelle Nana traverse sa nouvelle vie.
Nana y est ingénue mais c’est un peu triste. Elle est tendre, belle, un peu idiote et lorsqu’elle philosophe sans le savoir on revoit des générations de copines aux grands yeux curieux qui se lançent dans des conversations trop ambitieuses pour elles. Nana est un personnage qui ne peut plus exister aujourd’hui. Elle est intelligente.

C’est la vie elle même !

C’est la détresse de sa beauté, de ses yeux, ses airs et sa bouche qui font du film un tableau. Une détresse anonyme, legere et universelle , la mélancolie non recherchée d’un oeil de femme ou tous les poètes viennent boire et chercher du sens. Et lorsque’il n’y en a pas, il suffit de rire un peu, de danser..

Mon moment préféré du film c’est l’autre film, Jeanne d’Arc.

LE MÉPRIS
1963

Ou comment détester de plus en plus son mari

L’histoire d’une femme, Camille, qui cesse d’aimer son mari , l’écrivain Paul Javal, parce qu’il ne fait pas grand cas du fait qu’elle soit convoitée par d’autres hommes. Plus que du désamour, le jaillissement du mépris. J’ai toujours trouvé que le sentiment en question  était  grandiloquent, et même assez artificiel dans le film, sans doute uniquement choisi pour la poigne du mot en lui même . C’est un beau titre, assez précieux mais court et chargé de sentence.

Plus sombre qu’à l’ordinaire, Brigitte Bardot offre probablement  un de ses meilleurs rôles. Elle adopte une posture stoïque ou seul ses regards chargés de courroux et de désarroi laissent transparaitre son bouleversement intérieur

L’histoire est riche de paysages somptueux, italiens et calcaires. Le film se passe en premier temps  a Rome, puis a Capri. L’environnement est celui du cinéma cosmopolite : les protagonistes sont des auteurs et des producteurs qui travaillent sur le projet d’une Odyssée filmée. Ce thème antique influence en grande partie l’ambiance du film et lui donne beaucoup de cachet. La musique de Georges Delarue, ample, magistrale, dramatique contribue par ailleurs à faire du Mépris un bel objet tragique.

J’aime particulièrement la qualité des angles et des vues d’intérieur, notamment dans l’appartement occupé par le couple, ou la rupture et l’incompréhension entre les deux personnages se lit en filigrane de leurs mouvements décalés et de leurs alternances. Les films de J.L Godard sont toujours très bien chorégraphiés, et c’est peut être leur première qualité.

Le thème du couple, sujet de prédilection chez Jean Luc Godard est ici exposé plus sourdement qu’à l’ordinaire . Là ou ses comédies romantiques transforment la relation amoureuse en un chassé croisé de badineries legères et d’idées recues sur les hommes et les femmes , le Mépris relate la destruction concrète d’un couple basée sur la multiplication irréversible des malentendus et des soupçons.

L’excellent article du cine -club de Caen sur le film propose une problématique pertinente : « comment peut-on passer en une fraction de seconde, entre deux plans, de la méprise au mépris, d’une désynchronisation imperceptible à un renversement des sentiments. Godard se sert du cinéma non pour nous expliquer, comme dans le cinéma des scénaristes, mais pour comprendre en nous donnant à voir. Expérimentateur, il agrandit ce dixième de seconde et ce petit espace entre un homme et une femme à l’échelle du cinémascope et d’un film d’une heure et demie?« 

La deuxième réflexion du film porte sur la production artistique et ses difficultés contemporaines. Reflexion portée par Fritz Lang qui incarne le réalisateur de l’Odyssée dans le Mépris.

PIERROT LE FOU
1965

Ou comment vivre de Poésie amoureuse et d’eau fraiche

Le film est presque comédie musicale.
Lorsqu’il est sorti dans les salles de cinéma françaises, il était interdit au moins de 18 ans pour « anarchisme intellectuel et moral ».
Il faut s’imaginer le mythe des amants en cavale revisité à la française et ne rien en attendre de subversif. Certes, Godard n’est pas un violent. Il s’évertue pourtant a suggérer partout la violence, mais avec légèreté. Il y a des malfrats, des meurtres, des accidentés de la route et des flingues partout pour jurer avec le décor. Ses personnages meurent toujours de la même manière, coup de pistolet en plastique et héros qui titubent quelques minutes avant la fin. Le coté irréaliste ajoute sans doute au charme de ses films. C’est un film mignon dont il émane beaucoup de fraicheur. C’est aussi un film très communicatif.

La naïveté du couple de personnages en fait deux enfants épris de liberté, vastes de leur innocence. Ferdinand (Jean Paul Belmondo, adorable au possible) s’ennuie dans sa vie de bourgeois parisien et aspire à l’absolu, au grand air, à la poésie d’une vie dangereuse. Justement, il s’avère qu’il rencontre – de nouveau- Marianne, la nounou de ses enfants (Anna Karina, adorable au possible) . Elle est la soeur d’un gangster , et va entrainer Ferdinand vers le Sud pour une épopée touchante. Car tout à coup, ils s’aiment et les voilà sur les routes traqués par des bandits. Ils volent des voitures et distraient les passants en jouant de petites scénettes pour gagner leur pain. Ils chantent. Ferdinand écrit de la poésie. L’histoire est aussi peu crédible que leur existence. Le film se veut très poétique et multiplie les références littéraires ambitieuses. Mais c’est conjuguée à la bruyère méditerranéenne, à la campagne et à la mer que « Pierrot le fou » devient réellement poétique. Godard embrasse l’éternel fantasme de la fuite en avant , recueille tous les clichés du genre pour réaliser sa version de la bohème. Le tableau est chatoyant, mais posé très de travers dans la galerie des road trips au Cinéma.

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DHARMA GUNS , LA SUCESSION STARKHOV

Dharma Guns
F. J. Ossang
2011

F. J Ossang est un produit post beat generationnel de luxe aurait t’on pu commencer. Il incarne l’ère industrielle, part minoritaire des années 80 , courant austère et pensant qui réfléchissait la décadence de fin de siècle au moyen d’une littérature métallique, et de synthétiseurs frigides. Le reste du monde loin de le réfléchir, se contentait de refléter l’ambiance : une joie pénible et criarde, du reste assez peu convaincante, coupes et couleurs improbables et surtout ces tristement célèbres hymnes disco qui réconciliaient -de nouveau- les noirs et les blancs de l’Atlantique. Aujourd’hui il n’y a plus que TF1 pour consacrer aux années 80 des prime time festifs et populaires. Et c’est heureux qu’ils soient les seuls a persister dans la commémoration du mauvais gout.

Il faut se tourner vers les souterrains d’une époque, plus lugubres forcément mais étonnement plus riches que ce que l’on trouvait à la surface, et imaginer une armée de spectres présomptueux et romantiques , tous punks de leur vivant, évidemment épris de rock progressif et de littérature gothique.
Les fantasmes redeviennent des phantasmes, des ombres oblongues et inquiètes qui marquent l’avènement de la Science Fiction moderne, quand le flambeau passe de Lovecraft à Burroughs. William S. Burroughs et sa chair littéraire ou pourrit la société toute entière. Antonin Artaud. Céline, qui n’écrit guère de science fiction mais c’est tout comme. Et quelques autres valeurs sures : Lautréamont ou je ne sais pas. Avoir vingt ans et vivre a Paris dans les années quatre vingt ne signifiait donc pas forcément écouter Indochine ou Telephone.
F. J Ossang, étudiant en cinéma, puis cinéaste fétichiste, collectionneur des troubles et des genres, biographe, poète, romancier talentueux, musicien qui se détourne progressivement du Punk pour la musique industrielle. F. J Ossang incarne la contre culture française du siècle 80. Le titre de son dernier film est une allusion détournée au roman autobiographique de J.Kerouac, Dharma Bums. Qui sont les Dharma Guns, En sommes nous nous mêmes ? C’est la question que pose, non sans malice, le cinéaste lorsqu’on l’interroge sur ce film, son quatrième long métrage depuis 1984 (auxquels il faut ajouter cinq courts métrages). Dharma Guns est une pièce d’orfèvre qui mèle en un même métal précieux l’énergie et la violence du Punk, la grâce et la distance d’une science fiction expressionniste qui restaure en un même magma d’angoisses scientifiques la poésie dégénérée de Burroughs. Certains y ont vu une reprise du mythe d’Orphée adapté au format du roman noir. Peut être.
F. J Ossang est un esthète éblouissant, le film est une merveille, une femme qui vous sussure un long cauchemar a l’oreille. Et Elvire, la compagne du réalisateur qui joue Délie dans le film, ferait très bien l’affaire. En combinaison de cuir, elle ouvre Dharma Guns derrière des lunettes incroyables, signant ce que l’on peut d’ors et déjà appeler une première scène d ‘anthologie. J’y ai vu pour ma part le film de zombies le plus intellectuel, le plus éthéré , le moins évident qui soit.

L’histoire se passe sur une île noire et blanche, menacée d’invasion et gérée par l’Armée. L’ambiance est classieuse, post apocalyptique mais a peine. Le héros, bel homme tourmenté dans ses panoplies romantiques, se réveille du coma après un accident en mer et descend dans un sombre hôtel . Il erre des falaises escarpées aux manoirs lugubres, et des manoirs lugubres aux cliniques privées, hérite d’un homme de science qui vient de mourir et rencontre des personnages inquiétants et bien habillés, un air de IIIe Reich sous opium : longs trenchs de cuir, blouses blanches , costumes trois pièces sur bottes vernies, parties de chasse, hallucinations, receuils pour voyager dans le temps, voyage au pays des morts . Il faut imaginer des punks aristocratiques et moroses, qui interagissent étrangement, comme enfermés sur cette île fantomatique, et par dessus le tout une lumière millimétrée qui perle de la pellicule argentique avec une précision extreme . Tout est particulièrement élégant. L’énigme reste pratiquement entière, à l’instar d’un scénario lynchéen il est inutile d’essayer d’en comprendre quelque chose et c’est très bien comme ca.

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La grande lucarne de la guerre

INCENDIES
DENIS VILLENEUVE
2010

La pièce de théâtre Incendies de Wadji Mouawad est unanimement bouleversante et la sortie d’une adaptation cinématographique était prévisible. Une affiche d’un rouge tragique éparse sur les murs de Paris et quelques échos favorables plus tard, je me retrouve au fond du cinéma Les 7 Parnassiens pour pleurnicher dès la première scène.
Je n’ai pas envie de raconter l’histoire. Il est juste nécessaire de savoir que le drame se trame sur un contexte historique précis qui vous parlera peut être si vous avez vu Valse avec Bachir : la guerre au Liban entre les années 1975 et 1989, marquée par les massacres des camps de réfugiés de Sabra et de Chatila
Je suis restée mitigée sur le film, sans doute parce que je l’ai abordé avec trop peu de recul, aveuglément exigeante a l’égard d’une oeuvre qui a marqué ma découverte du théâtre contemporain. J’ai eu le sentiment qu’il restait un peu en surface alors que c’est au niveau des viscères que ca se passe, le réalisateur, Denis Villeneuve, peut être impressionné ou trop extérieur au récit, se contente de raconter une triste histoire. L’émotion passe mieux sur le papier qu’à l’image, et je conseille vivement à tous ceux qui ne se sont jamais confrontés au texte ou à la représentation de la pièce de trouver une occasion de le faire, parce que c’est l’une des plus belles choses qu’on ait écrit sur la guerre, sur l’amour et sur la notion d’humanité . Peut être plus sur ce dernier thème, Wadji Mouawad expliquait à propos de cette pièce qu’il dit avoir « construite dans la rage de dire l’inconcevable » que ce n’était pas une pièce sur la guerre a proprement parler mais une pièce « sur les promesses qu’on ne tient pas, sur les tentatives désespérées de consolation, (…) sur la façon de rester humain dans un contexte inhumain. »

Mon principal problème tenait a ce que le film ne suivait pas assez fidèlement le texte, précisément sur les points qui me semblaient a moi les plus importants. L’essentiel y demeure, mais j’ai du faire le deuil de quelques précieux détails qui ne sont pas simplement omis mais remaniés pour les besoins du film.
Je m’attendais peut être aussi à un jeu plus troublant du coté des acteurs, bien qu’ils soient corrects.
Il n’en demeure pas moins que cela reste un beau film, porteur de quelques images fortes et ponctuellement magnifié par la chanson You and Whose Army de Radiohead. Un morceau magnifique auquel a pensé D. Villeneuve en écrivant les premières pages du script. C’est moi même une des chansons que je préfère dans l’oeuvre de cet immense groupe.
Les quatre premières minutes du film, depuis le palmier jusqu’au premier noir, me tenteraient d’ailleurs presque de ravaler toutes mes remarques.
Quatre minutes, c’est bien assez.
Songez à cette phrase de Fyodor Dostoievski qu’il avait pour achever un de ses romans :
« Mon dieu.. une pleine minute de béatitude, n’est ce pas assez pour toute une vie d’homme ? »

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Nous verrons pourrir nos yeux tendres

En définitive la Saint Valentin ne laisse personne indifférent. Les amis s’offrent des sachets de fraises tagada et d’authentiques petits bonhommes de pain d’épice pour l’occasion. Les anglaises rédigent avec application de belles cartes à leurs familles, les vitrines s’illuminent aux couleurs universelles de l’amour et les tyrans se font tous mystérieusement la malle, après trente ans de règne insoluble. A Paris, une rengaine semblable : les femmes portent du rose aux joues, elles portent de courts bouquets dans les rues et des sourires fugitifs errent ici et là au retour d’une soirée romantique. Dans le R.E.R une bande d’étudiants éméchés malgré le lundi soir s’autoproclament Loosers de la Saint Valentin dans de grands cris humides, mais chacun leur adresse des sourires d’indulgence. La fête des amoureux fait beaucoup de déclassés, et soulève une sorte d’empathie généralisée contre ce complot en habit de coeur. Car les plus remontés crieront au coup monté : un diktat social grossièrement monté sur une opération économique qui consiste a alpaguer les gens pour leur rappeler combien ils sont heureux et combien il fait bon d’acheter aujourd’hui tout particulièrement des boites de chocolat. Loin d’échapper à la règle, j’ai dérobé un ballon à l’hélium, un ballon rouge en forme de coeur qui tronait dans un supermarché au bord de la mer. Depuis le ballon flotte immobile sous le plafond et semble heureux. Il semble aussi vouloir s’envoler plus haut, crever les toits, aller mourir dans un pays inconnu en rapportant un petit message au bout de son ruban. Mais il ne serait pas allé bien loin. L’hélium, ce fluide vital, ne tardera pas a se tarir en ces veines et il s’essoufflera comme une veille baudruche d’ici quelques semaines. Belle métaphore pour décrire ce que nous aimons appeler nos histoires d’amour.

Playlist de circonstance, si vous permettez..

Le livreur d’amour – Klub des loosers
Sahara Dream – The Bewitched Hands
Moyennement amoureuse – Lio
Mon amour m’a baisé – B. Biolay
Valentine & Valentin – Quark
Violent Love – Munk
Bunny girl – Darkel

 

Helium

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le roi est mort vive le roi

LES ALLITÉRATIONS PAR BOMB THE BASS

Nonobstant le fait que les vidéos de Bomb the Bass sont définitivement pédantes, et psyché jusqu’à l’indigeste, j’aime particulièrement ce groupe. Il me fait vraiment planer. Il m’emmène à trois milles pieds au dessus de l’enfer et transforme le wagon du métro en station Mir pour héroïnomanes artificiels shootés aux lignes des synthétiseurs , ermites inveterés qui s’enferment avec leur musique et rient aux anges, voient des choses roses et bleues, savourent ce petit orgasme électronique qui monte au creux du ventre et s’éparpille avec un plaisir diffus dans le reste des nerfs.
Je me remémore souvent la première fois ou j’ai ressenti cette impression, je devais avoir onze ans et je m’endormais tous les soirs avec un disque publicitaire de musique classique qui n’était pas a moi, écoutant inlassablement Le lac des cygnes de Tchaikowski, répétant la valse finale jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’était mon ballet préféré avec Coppélia et Gisele. (Ils jouaient d’ailleurs les deux premiers cette saison à l’opéra de Paris )
Bomb the Bass, en dépit d’une musique relativement simple, organique, correctement proportionnée, me procure le même genre de plaisir quasi coupable, il me tenait donc à coeur de saluer l’indéniable réussite de cet album : Back to Light sorti en 2010, lancinant, curatif et efficace.La pochette du disque emprunte largement aux graphismes de Pink Floyd : esthétique dite du délire de rigueur, quand les prismes de couleur se décomposent avec précision sous les effets des stimulants.

Derrière cette electro à la fois distante et suave se cache en fait un producteur doué, habitué au hippy hop et aux cocktails chez Pharell Williams, à qui nous devons certains tubes de Neney Cherry ou Seal . Tim Simenon, de son nom de scène, sort en 1991 le premier album de Bomb the Bass intitulé : Unknown territory, sur lequel figure le single Winter in July qui connaitra quelque succès . Puis Clear, son deuxième ou troisième album (1995) à retenir par ailleurs pour ses arrangements au grand air,  au milieu de tout ca quelques eps (et productions pour Bowie, Depeche Mode, U2, Curve, Hardfloor..) . Pour ma part, je l’ai découvert en 2006 lorsqu’il sortait Future Chaos, puis Back to light en 2010, lequel confirmait alors à mes yeux un parti pris résolument arbitraire à l’égard de cette electro etherée et miroitante qu’il est si facile de laisser couler sur la peau.

The Infinites
Un morceau sublime en club, dépaysant dans le métro, merveilleux en casque avec le volume maximum
Smog un morceau sublime dans le métro, dépaysant en club, merveilleux en casque avec le volume minimum
Boy Girl
So Special

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Elle ne comprend pas pourquoi je me noie dans des bouquets de prose, elle dit que je complique les choses. Alors je regarde ailleurs, sous sa jupe en corolle et les vapeurs d’alcool.

Pop en chambre, tracklisting

Back to cruelty

Sur mon cheval Punk

Saint-Tropez

Fatigué

La panthère noire en peluche (je voudrais dédicacer cette chanson à Céline, mon chat)

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Plaisirs de France

J’ai feuilleté avec plaisir le second numéro de Serge, qui m’avait devancé dans sa rubrique intitulée « l’école du micro d’argent » ou ils faisaient figurer le groupe Quark parmi leurs coups de coeur. Dans l’ensemble le magazine m’a plu, à l’ exception notable de certaines rubriques qui viennent en meubler inutilement les interstices : ainsi « Les Dessous Chics, dans l’intimité des artistes » convient Booba à s’épancher sur sa vocation ratée de sportif p. 104 : Le basket selon Booba , plus loin la rubrique nous ouvre le contenu du frigo de Christophe , l’horoscope se veut original et decalé, mais il est juste très lourd  et sans aller chercher si loin dans les pages du magasine, le papier le plus exécrable que j’ai trouvé met en scène un figth grotesque entre deux critiques musicales, demoiselles qui se prennent au jeu de l’empoignade avec une emphase digne de mes premières dissertations. Je cite : La faiblesse de vos arguments n’a d’égal que celle de votre jugement (ce n’est sans doute pas Pierre Perret qui me contredira). Ou encore : si je me permets d’engager avec vous le débat, c’est avec le respect des ainés que mes parents m’ont inculqué. Ils m’ont aussi appris à ne jamais attaquer le physique de mes camarades. C’est pourquoi je me garde bien de vous décrire aux lecteurs de Serge. Si votre silhouette fait penser à une canette de Perrier et si votre visage n’a de juvénile que cette inflammation des follicules pilo-sébacés -plus communément appelées acné- ce n’est pas à moi d’en faire état publiquement.  » ..

– _ – J’ai cherché quelques secondes le rapport avec le débat. En vain.

Ormis ces quelques fausses notes, je partage l’engouement autour de Serge, et j’irais sans doute assister à la troisième Soirée organisée en leur nom je ne sais plus dans quel club. Les Baden Baden s’y produiront en concert, succèdant à Cali, Jolie chérie , Brigitte et Camélia Jordana

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Mode Aléatoire

Les mots et les concepts qui ont ouvert mon année : Révolution de Jasmin, Soldes, Sale, Prise en fiche, Metternich, Serge magazine, Cote d’IvoireMode Aléatoire. me sont tous passés un peu au dessus finalement. J’ai réalisé que Côte d’Ivoire, lorsqu’on s’y arrêtait deux minutes, c’est un très beau nom de pays. Je ne suis pas beaucoup sortie. J’ai vu des enfants déballer d’énormes maisons de Poupée en bois le soir de noel , et étrenner plus de playmobil que je n’en ai jamais vu. L’occasion de regretter cette maison de poupée qui aurait fait la joie de mes huit ans , mais qui restait la grande ignorée de ma liste. À la bibliothèque, j’ai beaucoup écouté de chansons aériennes qui fleuraient bon un ailleurs à la campagne, et pourtant Houellebeck n’est pas passé par là. Je n’ai pas lu son dernier livre, ni aucun. Le monde m’assénait ses révolutions modernes et parfumées, ses démarques , ses guerres civiles et ses simulacres de  bals costumés , et de tous ces mots qui revenaient en boucle, c’est bien le Mode Aléatoire qui s’impose à moi pour publier la première playlist de l’année 2011.
Je respirais et vivais en mode aléatoire, mon baladeur n’obéissait qu’à cette logique, il concoctait pour moi une sélection musicale rieuse et cohérente ou pas un morceau n’envahissait l’autre.
Le hasard, souvent opportun donne aujourd’hui naturellement son titre à ce qui suit. Le mot (demoiselle) d’honneur pourrait être Éclectisme.

Mode Aléatoire

COOKIES WITH A SMILE – DADA LIFE (FRANCESCO DIALS & YOUNG REBEL MIX

I’LL TRY ANOTHING ONCE – JULIAN CASABLANCAS

MOYENNEMENT AMOUREUSE /// LIO & PHANTOM

AUSBIRGITTES TAGEBUCH ///BANGOCK IMPACT

SUN IS SHINING/// LIZZY MERCIER DESCLOUX

CLUMSY LOBSTER /// ERNEST SAINT LAURENT

LE COURAGE DES OISEAUX /// DOMINIQUE A

HELEN OF TROY /// TELEFON TEL AVIV

HARD TO FIND /// PETER KRUDER

HEAD OF STATE /// THEE OH SEES

TOUT EST BIEN /// BADEN BADEN

BABY LEMONADE /// SYD BARRETT

GUILTY PARTNER /// NEW ORDER

LES PAPILLONS NOIRS /// BIJOU

ADAM IN CHAINS /// BILLY IDOL

I’M FALLING /// THE BLUEBELLS

FLOOR SHOW /// BAXTER BURY

OPHELIE /// NOUVELLE VAGUE

POE /// LE VOYAGE DE NOZ

CITIZEN /// BROKEN BELLS

HEY LORD /// SUICIDE


 


 



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Kiss the past hello

Larry Clark a remué quelques semaines les chroniques parisiennes avec son expo censurée aux moins de dix huit ans , Kiss The Past Hello au musée d’Art Moderne, mais comme tout le monde s’y attendait, il en a surtout tiré beaucoup de  publicité. 118 000 visiteurs se sont pressés autour  des clichés du photographe, parce que la polémique c’est très sain et notre pays en raffole. (la moyenne pour une expo d art contemporain est de 15 000 visiteurs)

Cependant je trouve étrange que l’adolescence à peine revisitée dans ses allures les plus trash (je parle de ses photos.. les films posent un autre problème) soit devenu un spectacle exotique, une curiosité que l’on va voir en masse dans les musées : que la débauche fasse vendre certes, qu’elle fasse vendre encore plus lorsqu’elle est américaine et très jeune, rien de plus normal.  Ici, ils sont ostentatoirement jeunes et incarnent ce que Larry Clark appelle lui même les « failles de notre culture » , ces brèches ostensibles qu’il traque avec soin : regards insolents, relations sexuelles non feintes et usage décomplexé de substances illicites.

Vous ne verrez jamais un des jeunes de Clark en train de faire ses devoirs. Plus qu’une esthétique, un commerce vieux comme le XXe siècle : des embryons subversifs , des âmes perdues, de la chair fraiche, le tout dans les tristes petits pavillons des classes moyennes . L’oeuvre de Larry Clark épouse non seulement le gout très humain pour la curiosité malsaine, mais assure par ailleurs ses arrières en épouillant une valeur prégnante dans nos sociétés d’aujourd’hui : le culte de la jeunesse. Je doute que si l’on présentait à la France des septuagénaires épanouis en train de s’enivrer-copuler-renifler en bandes dans leurs pauvres salons middle class (sur la superbe invective de Brigitte Fontaine ?) , l’impact soit le même. L’événement serait relégué parmi l’actualité freak et insolite et n’aurait aucune chance d’arriver jusqu’au vingt heures. Et pourtant, je demanderais à voir .

Non content de réagir avec une acuité particulièrement sélective (que ce soit en bien ou en mal) a tout ce qui est né de la dernière pluie,  je soupçonne une certaine hypocrisie ambiante qui consiste à prestement oublier notre lot d’anecdotes personnelles pour venir s’offusquer autour de ces gamins. Je crois que la majorité des gens ont oublié qu’être adolescent, c’est avoir treize ou quatorze ans, et guère plus en réalité. La faute à notre ère adulescente : soit les vingtenaires et les trentenaires flippés de vieillir qui cultivent un mode de vie juvénile. Des ados de vingt quatre, voir de vingt sept, voire de trente deux ans  qui occupent résolument le terrain et tendent à usurper l’identité des jeunes, dans la vraie vie du moins.
Le problème c’est qu’ ainsi que le souligne le dernier numéro de Glamour, il y a de plus en plus d’ados sur le marché du travail, surtout dans les milieux artistiques, et ces derniers  renvoient les jeunes adultes à leurs angoisses de péremption, leurs CDD précaires et autres dilemmes existentiels. Heureusement, ils peuvent aller se consoler devant les photos de Kiss the past hello, continuer d’étreindre une culture teen et tant pis si elle est falsifiée a mort.

J’ai preferé plutôt que d’aller voir l’expo, regarder quelques uns de ses films, j’ai opté pour Ken Park, sorti en 2002 et Kids sorti dans les années 90. Il y opère la dénonciation d’une certaine Amérique qui étouffe sa perversion sous des moeurs conservatrices, puis la dénonciation d’une certaine autre Amérique cernée par le desoeuvrement et le sida qui appose en réponse à la première Amérique (leurs parents, donc :  pauvre, alcoolique, fermée d’esprit, incapable de proposer des modèles viables et des perspectives a leurs enfants) la révolte d’une débauche prématurée, d’un nihilisme clos sur lui même . Je suis sure que Larry Clark, la cinquantaine bien passée, est animé de toutes sortes de bonnes intentions, et il arrive à saisir un peu de ce malaise qui pousse les jeunesses déphasées à bruler leur existence par tous les bouts,   mais ses films en oubliant toute forme de subtilité et de nuance ne jouent finalement que sur une provocation visuelle et morale qui en devient un peu stérile.

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