Quel genre d’homme êtes vous ?

JEAN PIERRE MELVILLE
LE SAMOURAI
1967

 

Le Samourai de Melville nous propose un idéal individuel  . Ce film est un canon esthétique qui obéit à toutes les règles du classicisme pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler « un classique », un bel objet qui tient debout tout seul et miroite sur les étagères, et derrière les vitrines. Héritier propre sur lui du Cinéma des années 20 et 30, valeur sure des dernières heures de l’élégance et de la pudeur au XXe siècle, hommage au polar à la Parisienne et aux aciers bleus qui coulent dans les yeux des héros de Western américains, le Samourai est un film de collection.
Sur le tout, un vernis d’époque, un épais bronze romantique qui vient couler l’oeuvre achevée et l’empêche de s’éparpiller.

Aux esthètes en mal de modèles, à ceux qui se perdent au contraire dans le flot d’égéries et ne reconaissent plus l’art à tous ses visages , le Samourai est une valeur refuge. Il inspire des cultes raisonnés, des dévotions sûres, des sagesses amoureuses.

Alain Delon est beau. Il fume. Son trench raide noué autour de la taille. Ses complets. Ses trente ans. Et l’écrin de sa solitude, une chambre d’hôtel grise ou perle juste assez de lumière. Il campe un homme d’une espèce singulière pour l’espèce : l’âme solitaire.
L’économie des mots, la justesse des gestes, la tenue des regards. Autant de rituels qui viennent sacraliser ce samourai moderne, peut être le dernier.
C’est donc une déclinaison guerrière de la solitude qui amène Jean Pierre Melville à faire de son film le titre et le portrait très solennel d’un samourai.
Le rituel du samouraï au cinéma, genre a part entière, chorégraphié a souhait à créée des personnages et des situations très différentes depuis Kurosawa en passant par le Gosth Dog de Jarmusch (parait il trop inspiré de Melville). Ici Melville en respecte les codes tout en les déplacant dans la ville de Paris ou semble être l’hiver.

Les plans sont précis et remarquables. La philosophie laconique et virile. Les vestons bien coupés. C’est un des films noirs les mieux sapés qui soient.

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