Satan n’a le pouvoir qu’on veut bien lui donner

DOMINIK MOLL
LE MOINE
2011

Dominik Moll, auteur de deux films populaires des années 90 (Harry, un ami qui vous veut du bien et l’Esquive) vient de réaliser un de mes fantasmes personnel : une adaptation du Moine de Matthew G Caroll, le plus emblématique des romans gothiques, avec dans le rôle du moine déchu Ambrosio.. Vincent Cassel.

Passé les moments de flottement en voyant l’acteur réciter ses premiers sermons depuis sa chaire, soit qu’il faille un temps d’adaptation, soit que peut être, le personnage ne soit pas immédiatement crédible, Cassel et ses prêches gagnent rapidement en tenue. Sa prestation, sans être époustouflante, joue sur une sévère canalisation de son énergie de jeu habituelle. (nous l’avons connu en racaille énervée, paysan incestueux fou, braqueur de banques charismatique, party boy énergique qui s’improvise vengeur fou furieux dans les quartiers sordides de la ville en guise d’after..)

L’esthétique est belle et presque tendre, par moments drôle et folklorique. Le coeur de l’Espagne catholique du XVIIe bat la chamade sous les longs voiles des femmes , ces figures de piété dont les yeux olivâtres éclairent les paysages . La lumière est admirable, et rehausse la puissance d’évocation des rues de Narbonne, des jardins et des roseraies du couvent, des longues étendues de sable épais et puissament pigmentés que sont ces morceaux de désert qui entourent l’histoire .


C’est une très belle version du Moine et elle manquait. La seule autre adaptation cinématographique, un brin plus kitsch (elle sortait en 1972), et beaucoup plus vulgaire,  ne songeait pas à épancher les esthètes avec des plans contemplatifs et des catalogues d’exposition historiques. Réalisée par Adonis Kyrou, elle se rapprochait visuellement des oeuvres libertines que furent Salo et cie.. et proposait de surcroit une fin alternative inventée de toutes pièces au détriment du dénouement original.

J’ai trouvé cette dernière libre interprétation plus fertile, et moins coupable de caricature.
Le récit de M.G Caroll respire encore, et peut être continuera d’inspirer. Ce roman, saisissant de génie noir,  reste la priorité de ceux qui voudraient côtoyer la littérature gothique originelle.
cf mon article sur le sujet.

14/20

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